La kératose actinique (AK, solar keratosis) est une tumeur cutanée bénigne qui se présente sous la forme d’une tache hyperémique floue avec kératinisation. La kératose actinique présente un risque élevé de transformation en carcinome épidermoïde de la peau et constitue donc un état précancéreux facultatif. Ces formations apparaissent, en règle générale, après l’âge de 40 ans dans les zones ouvertes du corps qui sont exposées de manière fréquente et prolongée à la lumière solaire ultraviolette. La kératose actinique se caractérise par sa pluralité, la surface des lésions cutanées augmentant avec l’âge. Elle est aussi fréquente chez les hommes que chez les femmes.

Facteurs prédisposants

Il n’existe pas de raison précise à l’apparition de la kératose actinique. Toutefois, les rayons ultraviolets du soleil et la sensibilité accrue à leurs effets nocifs sur la peau des personnes âgées sont considérés comme le principal facteur de provocation. Les effets nocifs du rayonnement solaire ultraviolet étant cumulatifs, la kératose actinique peut apparaître même plusieurs années après une insolation active.

D’autres facteurs peuvent, à des degrés divers, augmenter le risque de kératose actinique:

  1. Phototypes de peau : Fitzpatrick I-II ;
  2. Albinisme ;
  3. Couleur des cheveux : clairs, roux, blonds ;
  4. Âge supérieur à 50 ans ;
  5. La présence d’états d’immunodéficience : due à l’utilisation d’immunosuppresseurs, à la chimiothérapie pour le cancer, après des infections sévères ;
  6. Facteur génétique : l’apparition de la KA peut être due au génome humain ;
  7. Les radiations ionisantes, l’influence de composés chimiques, les blessures chroniques peuvent également provoquer l’apparition ou la croissance de la kératose.

Diagnostic

Le diagnostic de la kératose actinique repose sur un examen clinique, qui comprend un examen de routine de la formation et une dermatoscopie. En cas de suspicion de malignité, une biopsie peut être pratiquée.

Symptômes

L’examen visuel de la kératose actinique permet d’identifier des taches ou des plaques uniques, multiples ou groupées. La surface de la plaque diffère sensiblement de la texture de la peau ordinaire : rugueuse, focale, couverte de croûtes, avec parfois des signes d’érosion et d’ecchymoses.

Les bords sont flous et inégaux. La forme est irrégulière, asymétrique. La couleur est nue, grise, gris-brun avec la présence de nuances roses ou rose-rouge.

En règle générale, la kératose actinique n’affecte pas la croissance des cheveux.

La taille des plaques varie de 5 à 20 mm. Les structures groupées de plusieurs plaques peuvent atteindre 3 à 4 cm.

À la palpation, on observe une formation dure et sèche avec une desquamation. Les sensations subjectives sont généralement absentes ou accompagnées de légères démangeaisons.

La localisation préférée de la kératose actinique est la peau du visage (en particulier les parties saillantes : la pointe du nez, les oreillettes, les tubercules frontaux, les zones zygomatiques). Le cuir chevelu, le cou, les membres supérieurs (la région de la ceinture scapulaire et le poignet) sont également très souvent touchés, car ce sont les endroits les plus exposés à l’insolation.

Description dermatoscopique

La dermatoscopie de la kératose actinique permet de visualiser les caractéristiques suivantes :

  • Erythème (rougeur, rougeur de la peau) ;
  • pseudo-réseau rouge (structure réticulaire formée par des vaisseaux) ;
  • Des squames et des pelures de kératine superficielles ;
  • Halo blanc autour des follicules pileux ;
  • Bouchons kératosiques jaunâtres (masses cornées) dans les follicules pileux dilatés ;
  • Structures vasculaires : principalement convolutées et linéaires ;
  • Veines brun foncé, points et globules bruns dans les formes pigmentées de la kératose actinique.

Diagnostic différentiel

Le diagnostic différentiel s’effectue avec d’autres néoplasmes pigmentés tels que :

  • Psoriasis, eczéma, dermatite ;
  • kératose séborrhéique ;
  • Lentigo ;
  • Hyperpigmentation post-inflammatoire ;
  • Mélanose
  • Nævus dysplasique ;
  • la maladie de Bowen ;
  • Mélanome lentigineux ;
  • Carcinome basocellulaire ;
  • Carcinome épidermoïde ;
  • Mélanome.

Risques

La kératose actinique est une affection précancéreuse facultative. Le risque de transformation maligne atteint 20 %. La malignité peut survenir de manière indépendante ou sous l’influence de facteurs externes supplémentaires (lésions chroniques, brûlures thermiques et chimiques). En cas de malignité, la kératose actinique se transforme le plus souvent en cancer des cellules squameuses. Cela se produit parfois au cours d’une phase cliniquement déterminée de la maladie de Bowen.

Il faut tenir compte du fait que les patients atteints de kératose actinique sévère ont un risque accru de développer une tumeur maligne sur une peau inchangée ou à proximité du foyer de kératose. Cela peut compliquer la détection opportune et le diagnostic différentiel des tumeurs.

Les tactiques

En l’absence d’effets dommageables sur les foyers de kératose actinique, de modifications de l’apparence et de sensations subjectives, l’autocontrôle (ou l’examen avec l’aide d’autres personnes dans les zones inaccessibles) est suffisant au moins une fois par an. En cas de lésions mécaniques, d’exposition active aux rayons ultraviolets ou ionisants, ainsi qu’en cas de modifications du kératome lui-même ou de sensations antérieures, il est nécessaire de consulter un dermatologue ou un oncologue.

Le spécialiste détermine la possibilité d’une observation dynamique supplémentaire (les conditions sont déterminées individuellement) ou pose des indications pour l’ablation de la formation cutanée endommagée. Il est nécessaire d’enlever les plaques qui sont soumises à des traumatismes constants et chroniques par les vêtements, les bijoux ou en raison des caractéristiques de l’emploi professionnel.

Dans le cas d’une observation dynamique, la photofixation des néoplasmes cutanés est d’une grande utilité, car elle permet de déterminer par la suite les changements d’apparence, même mineurs.

Les patients atteints de kératose actinique doivent être examinés par un dermatologue ou un oncologue au printemps et à l’automne (avant et après la saison des plages). Il est recommandé à ces patients de dresser une carte des néoplasmes cutanés, ce qui simplifie grandement l’observation ultérieure, la recherche de nouvelles formations ou d’une modification des formations existantes.

Traitement

Étant donné que la kératose actinique présente un risque assez élevé de transformation en carcinome épidermoïde, un traitement par AK est également indiqué, en plus d’une observation dynamique active. Tout effet sur les foyers de kératose ne doit être effectué qu’après l’exclusion de la malignité (après examen par un oncologue, dermatoscopie ou biopsie).

Tout d’abord, il est nécessaire de protéger la peau des rayons UV : vêtements, chapeaux, limitation de l’insolation, écrans solaires. Ces mesures réduisent considérablement la progression de la kératose et sa dégénérescence maligne.

Élimination locale possible des plaques par des méthodes de destruction locale (laser, cryodestruction, diathermocoagulation). L’utilisation de ces méthodes n’est pas non plus recommandée s’il est impossible d’établir un diagnostic différentiel clair avec les néoplasmes de nature pigmentaire (naevus pigmentaires, dysplasiques et autres).

Le traitement chirurgical par excision est rarement utilisé en raison de la présence fréquente de foyers de kératose de grande taille et en grand nombre, ainsi que des conséquences esthétiques sous forme de cicatrices. Toutefois, cette méthode présente un avantage dans les cas où il est difficile d’exclure une tumeur maligne.

Il existe un certain nombre de médicaments et de techniques qui peuvent également être utilisés pour un usage topique dans le traitement de la kératose actinique :

  • 5-fluorouracile + acide salicylique ;
  • Acide hyaluronique + diclofénac sodique ;
  • Imiquimod ;
  • Ingenol Mebutat ;
  • Thérapie photodynamique ;
  • Procédures combinées en association avec des produits cosmétiques.

Toutefois, l’application de ces méthodes ne doit se faire que sous la supervision attentive et à long terme de spécialistes, car leur efficacité n’est pas toujours prouvée sans ambiguïté, elles présentent des effets secondaires, des risques élevés de rechute et sont peu accessibles à un large éventail de patients.

La prévention

La prévention de l’apparition de la kératose actinique et de sa malignité passe par une attitude douce et prudente à l’égard de la peau :

  • Limitation des rayonnements ultraviolets (lits de bronzage, bronzage solaire) ;
  • L’utilisation de crèmes protectrices pendant les périodes d’activité solaire ;
  • l’exclusion des traumatismes cutanés chroniques ;
  • Limitation ou exclusion des radiations ionisantes, des risques professionnels ;
  • Respect des mesures de sécurité lors du travail avec des facteurs d’altération de la peau ;
  • Hygiène personnelle et sensibilisation de base aux tumeurs cutanées.

Elle nécessite également un examen régulier des foyers de kératose, la consultation en temps utile d’un médecin ou d’un pharmacien.